Le ralentissement du tourisme menace de provoquer une crise des dépenses de détail de 20 milliards de dollars aux États-Unis
Les compagnies aériennes réduisent leurs tarifs et les détaillants se préparent à l'impact, l'incertitude économique freinant l'envie de voyager.
Les vitrines autrefois animées de la Cinquième Avenue et les centres commerciaux bondés d'Orlando sont désormais étrangement silencieux, alors qu'un ralentissement du tourisme frappe les États-Unis. Cette baisse menace de ponctionner la somme stupéfiante de 20 milliards de dollars des caisses du commerce de détail cette année. Ce qui a commencé comme un ajustement naturel post-pandémie a évolué en un défi structurel sérieux affectant tout le monde, des dirigeants de compagnies aériennes aux propriétaires de centres commerciaux, créant des effets d'entraînement que les économistes estiment pouvoir durer jusqu'en 2026.
Le nombre de visiteurs internationaux a chuté de 6,6 % en juin par rapport à l'année dernière, inversant brusquement la tendance de reprise de 2024. Ce déclin résulte d'une tempête parfaite de vents contraires économiques, d'incertitudes politiques et de changements dans les habitudes de consommation, laissant les leaders de l'industrie se dépêcher de s'adapter à un marché du voyage de plus en plus prudent.
Quand l'été a perdu de son éclat
La saison de pointe des voyages de cette année a apporté une déception inattendue à l'ensemble de l'industrie du voyage. Southwest Airlines, la plus grande compagnie aérienne intérieure des États-Unis, a vu son bénéfice net du deuxième trimestre chuter de 42 % pour atteindre 213 millions de dollars, avec un bénéfice par action passant de 0,58 à 0,39 dollar sur un an. Les difficultés de la compagnie basée à Dallas soulignent les défis plus larges de l'industrie – même les tarifs fortement réduits ne parviennent pas à remplir les sièges en classe économique.
« Les sièges en classe économique standard restent invendus malgré une tarification promotionnelle agressive », soulignent les analystes de marché, suggérant un changement fondamental dans la façon dont les consommateurs abordent les voyages. Le taux de remplissage de la compagnie – une mesure clé du taux d'occupation des avions – est tombé à 78,5 % contre 82,6 % l'année dernière, obligeant Southwest à introduire de nouveaux frais de bagages et des options de base en classe économique pour stimuler les revenus.
American Airlines a réagi à l'incertitude en publiant des prévisions de résultats 2025 exceptionnellement larges – allant d'une perte de 0,20 dollar par action à un bénéfice de 0,80 dollar par action. Avec plus des deux tiers de ses revenus passagers provenant des vols intérieurs, la compagnie basée à Fort Worth est particulièrement vulnérable aux changements de confiance des consommateurs américains. La prévision médiane de 0,30 dollar par action est bien inférieure aux attentes précédentes des analystes, qui étaient de 0,61 dollar.
Fiche d'information : Impact du ralentissement du tourisme sur les secteurs du commerce de détail et du voyage aux États-Unis
| Catégorie | Faits clés |
|---|---|
| Impact sur les dépenses de détail | - Jusqu'à 20 milliards de dollars de dépenses de détail aux États-Unis menacés en raison du ralentissement du tourisme (Bloomberg Intelligence). - Moins de visiteurs internationaux, en particulier de grands acheteurs, nuisent aux ventes au détail. - L'inflation et le dollar fort réduisent les dépenses des voyageurs nationaux et internationaux. |
| Tendances du voyage intérieur | - Le marché intérieur du voyage aux États-Unis est ralenti ; les réservations d'été sont en baisse de 10 % sur un an malgré les réductions de tarifs aériens. - Les voyageurs soucieux de leur budget reportent leurs projets ou recherchent des promotions, ce qui entraîne des sièges en classe économique invendus. - Les compagnies aériennes sont contraintes à des guerres de tarifs pour remplir leur capacité. |
| Performance des compagnies aériennes | Southwest Airlines (T2 2025) : - Bénéfice net : 213 M USD (en baisse de 42 % sur un an). - Bénéfice par action (BPA) : 0,39 USD (contre 0,58 USD au T2 2024). - Taux de remplissage : 78,5 % (en baisse par rapport à 82,6 %). - La demande de loisirs intérieure stagnante est blâmée. American Airlines (Prévisions 2025) : - Prévoit une perte ajustée de 0,20 à 0,80 dollar par action. - Les voyages intérieurs représentent deux tiers des revenus ; la performance dépend des conditions économiques aux États-Unis. |
| Tourisme international | - Le trafic aérien international entrant vers les États-Unis a diminué de 6,6 % sur un an (juin 2025). - Facteurs : Dollar fort, politiques frontalières américaines, incertitude économique mondiale. - Les détaillants de luxe et les pôles commerciaux sont les plus touchés. |
| Contexte économique | - L'inflation et les craintes de récession rendent les voyageurs prudents. - Le dollar fort décourage les visiteurs étrangers. - Les compagnies aériennes et les hôtels révisent leurs prévisions en raison de la faible demande. |
| Tendances sectorielles | - Compagnies aériennes : Réduisent les tarifs, introduisent des niveaux de base en classe économique pour attirer les voyageurs à budget limité. - Hôtels : Les taux d'occupation diminuent ; les promotions augmentent. - Commerce de détail : Orientation vers des offres expérientielles pour compenser la perte de dépenses touristiques. |
Le moment de vérité pour le commerce de détail
Selon les estimations de Bloomberg Intelligence, le manque à gagner du tourisme met en péril près de 20 milliards de dollars de dépenses de détail, les destinations de luxe étant les plus touchées. Les visiteurs internationaux ont historiquement dépensé de manière disproportionnée dans le commerce de détail haut de gamme, leurs habitudes d'achat « remplir la valise » apportant un soutien vital aux magasins phares et aux centres de magasins d'usine.
Les chiffres révèlent la vulnérabilité du commerce de détail. Les voyageurs internationaux consacrent généralement environ 20 % de leur budget aux États-Unis aux achats de détail. Cela signifie que la baisse projetée de 12,5 milliards de dollars des dépenses des visiteurs se traduit par environ 4,9 milliards de dollars de pertes directes pour le commerce de détail. Si l'on ajoute la réduction des dépenses des touristes nationaux, l'impact total sur le commerce de détail approche les 20 milliards de dollars.
Simon Property Group, qui gère des destinations de shopping de premier plan, a enregistré des gains modestes de 0,75 dollar pour atteindre 166,49 dollars par action jeudi, bien que les analystes estiment que le cours de l'action n'a pas encore pleinement reflété les défis liés au tourisme. Les FNB immobiliers (REITs) de centres commerciaux fortement exposés aux touristes internationaux subissent une pression particulière, car la baisse des ventes des locataires affecte les négociations de loyer.
La tempête parfaite des dissuasions
Plusieurs facteurs se sont combinés pour créer le ralentissement touristique actuel. Le dollar américain fort rend les destinations américaines relativement chères pour les visiteurs étrangers, tandis que l'inflation a fait grimper les coûts des hôtels, restaurants et attractions. Les tarifs des hôtels et les prix de location de voitures, qui ont explosé pendant la reprise post-pandémie, restent élevés par rapport aux destinations internationales concurrentes.
Les problèmes politiques ajoutent une autre couche de complexité. Des procédures frontalières plus strictes, des délais de traitement des visas plus longs et des différends commerciaux très médiatisés ont créé la perception que les États-Unis sont devenus moins accueillants pour les visiteurs internationaux. Les voyageurs européens et canadiens, sources traditionnellement fiables de revenus touristiques, sont de plus en plus hésitants quant à leurs projets de voyage aux États-Unis.
Les voyageurs nationaux sont confrontés à leurs propres défis. Les ménages à faibles revenus ont réduit leurs budgets de voyage de la manière la plus spectaculaire, optant pour des séjours plus courts et des réservations de dernière minute pour bénéficier d'offres promotionnelles. Ce passage des schémas de réservation anticipée traditionnels a perturbé les systèmes de gestion des revenus des compagnies aériennes et des hôtels, obligeant les opérateurs à dépendre davantage des pics de demande imprévisibles.
Signaux du marché et implications pour l'investissement
Les échanges de jeudi ont reflété l'incertitude des investisseurs quant à l'avenir du secteur. Southwest Airlines a reculé de 4,21 dollars pour atteindre 33,23 dollars par action, tandis qu'American Airlines a chuté de 0,89 dollar pour s'établir à 11,79 dollars. L'ETF U.S. Global Jets a reculé de 0,73 dollar pour atteindre 24,825 dollars, indiquant des préoccupations généralisées concernant la rentabilité des compagnies aériennes.
Malgré les défis, l'environnement actuel peut offrir des opportunités sélectives aux investisseurs avisés. Les compagnies aériennes premium dotées de solides stratégies de hubs pourraient s'avérer plus résilientes, car les voyageurs d'affaires à haut rendement et les voyageurs de loisirs aisés font preuve d'une plus grande fidélité. Delta Air Lines a récemment annoncé des taux de remplissage record pour ses cabines premium, suggérant une division croissante entre les segments de marché sensibles aux prix et les segments premium.
Les fiducies de placement immobilier (REITs) axées sur les centres de magasins d'usine sont confrontées à des défis particuliers, étant donné leur clientèle composée à 35 % de touristes internationaux contre 15 % dans les centres commerciaux traditionnels fermés. Cependant, ces valorisations déprimées pourraient créer des opportunités pour les investisseurs patients prêts à traverser la période de ralentissement.
La voie vers la reprise
Les leaders de l'industrie reconnaissent que les délais de reprise restent très incertains. Les indicateurs économiques suggèrent une prudence continue des consommateurs jusqu'au quatrième trimestre de 2025, et les réservations internationales pour fin 2025 et début 2026 devraient rester modérées. Les marchés sensibles aux coûts en Europe et en Amérique latine montrent une réticence particulière à s'engager dans des projets de voyage aux États-Unis.
Des changements de politique pourraient apporter un certain soulagement. Les défenseurs de l'industrie plaident pour l'expansion des programmes d'exemption de visa, la simplification des procédures frontalières et un marketing renforcé sur les marchés sources clés. Les offices de tourisme des États pourraient augmenter les incitations pour attirer les voyages de groupe et d'affaires, bien que ces mesures prennent généralement des mois à montrer des résultats mesurables.
Cette pause forcée dans le tourisme de masse pourrait accélérer les initiatives de tourisme durable, les destinations étant sous pression pour démontrer leur valeur aux communautés locales. Ce virage vers un partage des bénéfices plus équitable et un investissement dans la conservation pourrait à terme renforcer les fondations à long terme du secteur.
Perspectives d'investissement et considérations
À l'avenir, les analystes soulignent plusieurs thèmes qui pourraient générer des retours sur investissement. Le commerce de détail axé sur l'expérience, qui combine divertissement et shopping, pourrait mieux résister à la réduction du trafic touristique. Les capacités de comptabilité carbone pourraient offrir des avantages concurrentiels à mesure que les exigences réglementaires se resserrent. Les actifs hôteliers dotés d'une forte intégration technologique et de capacités de monétisation des données pourraient bénéficier de valorisations premium dans un environnement de plus en plus cyclique.
Le ralentissement actuel semble être plus qu'un simple ajustement temporaire post-pandémie. Des changements structurels dans le comportement des consommateurs, les cadres politiques et les fondamentaux économiques suggèrent que les secteurs du tourisme et du commerce de détail doivent s'adapter à un environnement d'exploitation plus contraint.
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