
Trump menace Apple de tarifs de 25% sur les iPhones non fabriqués aux États-Unis, la Bourse perd 90 milliards de dollars
L'ultimatum de Trump à Apple : la question à 90 milliards de dollars qui pourrait redéfinir la fabrication technologique
La menace du président d'un droit de douane de 25 % révèle un conflit fondamental entre les exigences politiques et l'économie des chaînes d'approvisionnement, alors que l'action Apple chute de 2,6 %
Le 23 mai 2025, à 14h08 (heure de l'Est), le président Donald Trump a lancé un ultimatum numérique qui a effacé 90 milliards de dollars de la capitalisation boursière d'Apple en quelques minutes. Son message sur Truth Social, exigeant une production nationale d'iPhone ou faisant face à des droits de douane « d'au moins 25 % », a cristallisé une confrontation que les vétérans de l'industrie décrivent comme économiquement impossible mais politiquement inévitable.
Le verdict immédiat du marché a été rapide et brutal. Les actions d'Apple ont chuté de 2,09 % après l'ouverture du marché, entraînant le Nasdaq vers le bas de 0,99 % alors que les investisseurs se débattaient avec les implications de ce qui semble être la première menace de droit de douane spécifique à une entreprise dans l'histoire moderne du commerce. Le pic de volatilité a poussé la volatilité implicite des options hebdomadaires au-dessus de 35 %, signalant une profonde incertitude quant à la voie à suivre pour Apple.
Le message de Trump ne laissait aucune place à l'interprétation : « J'ai informé il y a longtemps Tim Cook d'Apple que j'attends que leurs iPhone qui seront vendus aux États-Unis d'Amérique soient fabriqués et construits aux États-Unis, pas en Inde, ou ailleurs. Si ce n'est pas le cas, un droit de douane d'au moins 25 % devra être payé par Apple aux États-Unis. »
L'économie d'une exigence impossible
Les calculs derrière l'ultimatum de Trump révèlent pourquoi les analystes de l'industrie décrivent unanimement la production d'iPhone aux États-Unis comme un « conte de fées ». L'analyse des coûts de fabrication montre que l'assemblage indien entraîne déjà une surprime de 5 à 8 % par rapport à la production chinoise, atteignant parfois 10 % pour les composants complexes. La production américaine imposerait une pénalité de coût stupéfiante de 20 à 30 %, ajoutant potentiellement 300 dollars au coût de production de chaque iPhone.
Les modèles de chaîne d'approvisionnement de JPMorgan estiment que même une migration partielle de 10 % de la capacité de production d'iPhone vers les États-Unis nécessiterait 30 milliards de dollars d'investissement en capital et trois ans de temps d'exécution. Ce calendrier dépasse de loin les cycles politiques typiques, créant un risque d'exécution indépendamment de l'application des droits de douane.
L'engagement récent d'Apple d'investir 500 milliards de dollars sur le territoire américain, bien que substantiel, évite stratégiquement la fabrication d'iPhone. L'engagement se concentre sur la production de serveurs d'IA à Houston, les centres de données et les installations d'entreprise – des domaines où l'économie de la production nationale est logique. Cette approche ciblée suggère que l'équipe dirigeante d'Apple a depuis longtemps reconnu l'impossibilité fondamentale de l'assemblage de smartphones aux États-Unis.
L'inertie de la chaîne d'approvisionnement face au théâtre politique
La déconnexion entre les exigences politiques et la réalité économique devient flagrante lorsqu'on examine l'engagement continu de Foxconn envers la stratégie indienne d'Apple. Malgré les objections explicites de Trump à la production indienne, le fabricant taïwanais poursuit la construction d'une usine de composants de 1,5 milliard de dollars près de Chennai. L'installation fabriquera des modules d'affichage pour iPhones et créera environ 14 000 emplois, ce qui représente l'un des plus grands investissements électroniques en Inde.
Ce calendrier d'investissement illustre la physique impossible d'une réorientation de la chaîne d'approvisionnement. Les engagements de capitaux pluriannuels, le développement d'une main-d'œuvre qualifiée et la culture d'un écosystème de fournisseurs ne peuvent être annulés sur la base de messages sur les médias sociaux. L'usine de Chennai seule nécessite 18 mois pour atteindre sa pleine capacité de production, soulignant pourquoi l'ultimatum de Trump défie les réalités de la fabrication.
Apple produit actuellement environ 15 % de tous les iPhones en Inde, et son PDG, Tim Cook, a indiqué que plus de 50 % des appareils destinés aux États-Unis proviennent déjà d'installations indiennes. La société prévoyait d'augmenter l'assemblage indien à 65 % d'ici l'automne 2025, contredisant directement l'interdiction de Trump concernant la production non américaine.
Questions constitutionnelles et pièges juridiques
Le caractère spécifique à une entreprise de la menace de droits de douane de Trump ouvre de nouvelles voies juridiques, soulevant des questions fondamentales sur l'autorité exécutive. Bien qu'une récente décision d'un tribunal fédéral de Floride ait affirmé les larges pouvoirs de Trump en matière de droits de douane en vertu de l'International Emergency Economic Powers Act de 1977, ce précédent s'applique à des mesures nationales ou sectorielles, et non au ciblage d'une entreprise individuelle.
Les spécialistes en droit constitutionnel notent que les sanctions commerciales spécifiques à une entreprise ressemblent à des lois de proscription, que la Constitution interdit explicitement. Cependant, l'incertitude juridique crée un risque asymétrique pour Apple, car même des tentatives d'application infructueuses pourraient paralyser la planification de la chaîne d'approvisionnement pendant des mois.
La vulnérabilité en matière d'application s'étend au-delà d'Apple au secteur technologique au sens large. Si elles sont maintenues, les menaces de droits de douane spécifiques à une entreprise pourraient fragmenter les chaînes d'