
L'administration Trump appuie les États républicains qui poursuivent BlackRock et Vanguard pour leurs pratiques d'investissement climatique (ESG)
Les agences fédérales instrumentalisent le droit de la concurrence contre l'agenda climatique de Wall Street
Le Département de la Justice (DOJ) et la Commission fédérale du commerce (FTC) soutiennent les États républicains qui ciblent BlackRock, Vanguard et State Street pour manipulation présumée du marché du charbon.
L'administration Trump a tiré sa première salve majeure contre l'investissement environnemental jeudi, avec le dépôt par le Département de la Justice (DOJ) et la Commission fédérale du commerce (FTC) d'une déclaration d'intérêt en soutien à la plainte antitrust des États républicains contre trois des gestionnaires d'actifs les plus puissants de Wall Street.
Le soutien fédéral transforme le recours juridique du procureur général du Texas, Ken Paxton, contre BlackRock, Vanguard et State Street, d'une manœuvre politique en une menace crédible, armée de toute l'autorité de l'application fédérale du droit de la concurrence. L'affaire accuse les firmes de conspirer, par le biais de l'activisme climatique, pour supprimer artificiellement la production de charbon, ce qui aurait coûté aux consommateurs américains des milliards en prix de l'énergie plus élevés.
Le langage incendiaire du président de la FTC, Andrew Ferguson, signale l'intention de l'administration d'instrumentaliser le droit de la concurrence contre l'investissement durable. Ferguson a accusé les gestionnaires d'actifs de « faire de l'alarmisme climatique » conçu pour « prendre l'argent des poches des consommateurs américains et le mettre dans les leurs ».
Tableau : Aperçu des principaux enjeux, critiques et tendances de l'investissement ESG en 2025
Catégorie | Points clés |
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Tendances de polarisation | - L'Europe/l'Asie font progresser les réglementations ESG - Réaction négative aux États-Unis avec des reculs menés par les Républicains - Montée du « silence » (adoption discrète de l'ESG pour éviter les réactions négatives) |
Critiques – Anti-ESG | - L'ESG est perçue comme idéologiquement biaisée - Considérée comme faussant les marchés - Violations présumées du devoir fiduciaire |
Critiques – Pro-environnement | - Qualifiée d'inefficace (« poudre aux yeux ») - Accusée de favoriser le greenwashing - Les notations ESG manquent de véritable mesure d'impact |
Problèmes techniques | - Absence de normes ESG mondiales - Plus de 600 cadres et plus de 140 entreprises de notation - Méthodologies propriétaires, non transparentes |
Performance financière | - Preuves mitigées et non concluantes sur la surperformance de l'ESG par rapport aux investissements traditionnels |
Réalité du marché | - Passage des fonds labellisés ESG à un investissement durable plus discret - Pression réglementaire continue dans l'UE (ex : CSRD) - Baisse de l'enthousiasme des investisseurs |
Verdict global | - L'ESG est imparfaite mais non frauduleuse - Reflète des tensions sociétales plus larges - Reste pertinente comme cadre pour aborder les risques commerciaux réels |
L'Accusation à Mille Milliards de Dollars
La plainte se concentre sur une nouvelle théorie juridique ciblant la « propriété commune » – où les investisseurs institutionnels détiennent des participations substantielles dans plusieurs entreprises du même secteur. Bien que cette pratique soit courante dans l'investissement passif depuis des décennies, les agences fédérales soutiennent désormais qu'elle devient anticoncurrentielle lorsque les investisseurs se coordonnent pour influencer les résultats à l'échelle de l'industrie.
Les trois gestionnaires d'actifs contrôlent collectivement entre 8 % et 34 % des actions des producteurs de charbon cotés en bourse. Les procureurs généraux républicains de 13 États allèguent que ces firmes ont mis à profit leurs participations pour faire pression sur les entreprises charbonnières afin qu'elles réduisent leur production dans le cadre d'initiatives « Net Zéro » à l'échelle de l'industrie.
Cette affaire représente la première fois que les autorités fédérales de la concurrence contestent directement les pratiques d'investissement ESG, marquant une escalade dramatique dans la guerre politique autour de la finance durable.
La réalité du marché contredit la théorie juridique
La plainte fait face à un problème factuel fondamental : la production de charbon a en fait augmenté pendant la période de conspiration présumée. Les données de l'Energy Information Administration (EIA) montrent que la production américaine de charbon a augmenté de 9 % en 2021-2022, sapant la prémisse centrale selon laquelle les gestionnaires d'actifs auraient réussi à supprimer la production.
Les gestionnaires d'actifs soutiennent que leurs stratégies sont basées sur des indices et sont passives, et que tout engagement corporatif lié au climat est loin d'être une manipulation coordonnée du marché. Leurs participations combinées n'ont jamais approché des positions de contrôle, les détentions individuelles étant généralement bien inférieures au maximum de 34 % cité par les procureurs.
Les experts juridiques décrivent l'affaire comme reposant sur des théories « à moitié cuites et non éprouvées » qui étirent le droit de la concurrence au-delà de toute reconnaissance. La plainte exige de considérer les actionnaires minoritaires comme capables de « contrôler » les décisions de production par le biais du vote par procuration – une interprétation qui pourrait criminaliser les pratiques de gouvernance d'entreprise fondamentales.
Le repli stratégique de Wall Street
Le soutien du gouvernement fédéral a déjà déclenché un exode massif des initiatives climatiques dans l'ensemble du secteur financier. BlackRock s'est retiré de la Net Zero Asset Managers Initiative, tandis que State Street a quitté Climate Action 100+. D'autres grandes firmes se distancient discrètement de leurs engagements ESG publics tout en maintenant des évaluations privées des risques climatiques.
Cette approche « ESG furtive » reflète la nouvelle réalité juridique : toute coordination visible sur les questions climatiques comporte désormais un risque de litige. Les gestionnaires d'actifs restructurent leurs opérations pour évaluer les risques climatiques sans travail de coalition public, modifiant fondamentalement la manière dont Wall Street aborde l'investissement durable.
La réaction du marché a été modérée, les actions de BlackRock n'ayant baissé que de 0,3 % et celles