
Rillet lève 70 millions de dollars pour remplacer les logiciels comptables traditionnels par une plateforme basée sur l'IA
Rillet lève 70 millions de dollars pour remplacer les logiciels de comptabilité traditionnels par une plateforme alimentée par l'IA
SAN FRANCISCO — Rillet, une plateforme de planification des ressources d'entreprise (ERP) nativement basée sur l'IA, a annoncé aujourd'hui un tour de financement de série B de 70 millions de dollars, co-dirigé par Andreessen Horowitz et ICONIQ Growth, avec la participation de Sequoia Capital et Oak HC/FT. Cet investissement porte le financement total de la société basée à San Francisco à plus de 100 millions de dollars en moins de douze mois — un rythme qui témoigne de la conviction croissante du capital-risque que la dernière forteresse analogique de la finance est enfin prête à tomber.
Le moment ne pourrait être plus crucial. Alors que la comptabilité traditionnelle fait face à un exode sans précédent de talents — 75 % des comptables en exercice devant prendre leur retraite au cours des 15 prochaines années — l'intelligence artificielle apparaît non pas comme un luxe, mais comme une nécessité existentielle pour une industrie bâtie sur la précision et la confiance.
Le Grand Dégroupage de l'Entreprise
L'ascension rapide de Rillet reflète une transformation plus large qui traverse le monde des logiciels d'entreprise, où les systèmes monolithiques qui dominaient autrefois les entreprises américaines cèdent la place à des plateformes spécialisées, priorisant l'IA. Le "grand livre intelligent" de l'entreprise représente un changement fondamental par rapport aux systèmes ERP existants qui greffent des analyses sur des structures existantes — intégrant plutôt l'apprentissage automatique directement dans l'infrastructure financière de base.
Cette distinction architecturale s'est traduite par une efficacité opérationnelle remarquable. PostScript, une licorne avec plus de 100 millions de dollars de revenus annuels récurrents, clôture désormais ses comptes en trois jours grâce à la plateforme de Rillet — un processus qui consomme traditionnellement des semaines de réconciliation et d'analyse manuelles. Pendant ce temps, des startups comme Windsurf gèrent l'ensemble de leurs opérations financières mondiales avec seulement deux employés à temps plein.
Les implications s'étendent bien au-delà de l'écosystème des licornes de la Silicon Valley. Les analystes du secteur estiment que l'automatisation par l'IA pourrait remplacer jusqu'à 80 % des tâches comptables de routine, selon une récente recherche d'Accenture — une transformation qui promet de remodeler non seulement les départements financiers des entreprises, mais l'ensemble du marché mondial des logiciels de comptabilité, évalué à 500 milliards de dollars.
Le Pari des Fondateurs
Derrière l'ascension fulgurante de Rillet se trouvent Nicolas Kopp et Stelios Modes, d'anciens cadres de N26 qui ont été les témoins directs de l'effondrement de l'infrastructure bancaire traditionnelle sous la pression de la transformation numérique. Kopp, qui a été PDG des opérations américaines de N26, et Modes, l'architecte des paiements de l'entreprise, apportent une perspective unique sur les vulnérabilités et les opportunités des systèmes financiers.
Leur équipe reflète un mélange délibéré d'innovation de la Silicon Valley et d'expertise de Wall Street. La direction de l'entreprise comprend d'anciens contrôleurs de gestion des quatre grands cabinets comptables — des anciens d'EY et de PwC — qui comprennent les exigences complexes de conformité financière et d'audit qui ont historiquement rendu les directeurs financiers méfiants face aux perturbations technologiques.
Cette expertise sectorielle s'est avérée cruciale dans une industrie où la précision n'est pas une aspiration, mais une obligation légale. Contrairement aux applications grand public où des erreurs occasionnelles peuvent frustrer les utilisateurs, les erreurs logicielles en comptabilité peuvent entraîner des violations réglementaires, des échecs d'audit et une responsabilité légale dévastatrice pour les entreprises.
Défier les Titans Historiques
Rillet entre sur un champ de bataille dominé par des géants bien établis. Oracle NetSuite, Microsoft Dynamics et SAP contrôlent collectivement la majorité des parts de marché mondiales des ERP, bénéficiant de décennies de relations avec les entreprises et de certifications de conformité étendues. Ces acteurs historiques ne sont pas des observateurs passifs — les revenus d'Oracle Fusion Cloud AI ont atteint 3,7 milliards de dollars au cours de l'exercice 2025, démontrant un investissement significatif dans les capacités d'intelligence artificielle.
Pourtant, les systèmes existants font face à des contraintes architecturales inhérentes. La plupart des ERP traditionnels ont été conçus à l'ère pré-cloud, pré-IA, nécessitant des intégrations complexes et des contournements pour incorporer des capacités modernes d'apprentissage automatique. Cette dette technique crée une opportunité pour les plateformes nativement IA qui peuvent offrir une automatisation transparente sans la friction des systèmes mis à jour a posteriori.
La dynamique du marché favorise la rupture. Le marché mondial des ERP, évalué à 71,6 milliards de dollars en 2025, devrait atteindre 114,1 milliards de dollars d'ici 2030, les solutions natives cloud capturant une part disproportionnée de la croissance. Les modules de finance et de comptabilité représentent à eux seuls 18,3 milliards de dollars de ce marché en expansion — une opportunité substantielle pour les plateformes capables de démontrer une efficacité et une expérience utilisateur supérieures.
Le Paradoxe de la Validation Client
Les métriques rapportées par Rillet dressent un tableau de croissance convaincant : plus de 200 clients acquis depuis le lancement, avec un revenu annuel récurrent ayant doublé au cours des douze dernières semaines. Cependant, ces chiffres reflètent un défi courant pour les logiciels d'entreprise en phase de démarrage — des taux de croissance impressionnants masquent souvent des questions sur l'évolutivité et la rétention.
La base de clients de l'entreprise comprend des noms reconnaissables de l'écosystème de croissance de la Silicon Valley, mais l'histoire des logiciels d'entreprise suggère que le succès auprès des startups financées