Le nouveau destroyer de la Corée du Nord s'est bloqué lors de son lancement sous les yeux de Kim Jong-un

Par
Minhyong
8 min de lecture

Le nouveau destroyer naval de la Corée du Nord subit un échec de lancement catastrophique sous les yeux de Kim Jong-un

L'embarras militaire transforme une démonstration de puissance en un "crime impardonnable" au chantier naval de Chongjin

Le lancement du destroyer tourne au désastre

Le 21 mai 2024, la démonstration minutieusement orchestrée de puissance militaire navale de la Corée du Nord s'est transformée en un embarras national lorsque le nouveau destroyer de 5 000 tonnes de classe "Choe Hyon", construit par le pays, a subi un échec de lancement catastrophique au chantier naval de Chongjin. L'incident s'est produit directement devant le Dirigeant suprême Kim Jong-un, qui avait assisté à la cérémonie pour ce qui devait être un moment triomphal pour les capacités navales de la Corée du Nord.

Le destroyer, identifié comme le deuxième navire de sa classe et probablement nommé "Kim Chaek", a connu un lancement latéral raté qui a laissé le bâtiment échoué à mi-chemin entre le chantier naval et l'eau. En raison d'un commandement inexpérimenté et d'une mauvaise coordination parmi le personnel du chantier naval, le berceau de support du navire sous la poupe s'est détaché prématurément pendant le processus de lancement. Cette erreur critique a fait échouer la poupe du destroyer tout en perforant une partie de la coque, la proue restant bloquée sur la plateforme de lancement.

Le moment et la visibilité de l'échec n'auraient pas pu être pires pour la direction nord-coréenne. Kim Jong-un, qui a assisté à l'incident en personne, a immédiatement condamné l'échec comme un "incident catastrophique et intolérable causé par la négligence et l'irresponsabilité" et l'a qualifié d'"acte criminel né d'un empirisme anti-scientifique". Le Dirigeant suprême a ordonné une enquête approfondie sur l'échec du lancement et a annoncé que l'incident serait officiellement examiné lors de la réunion plénière du Parti du Travail prévue pour juin 2024.

Kim a souligné que la réparation du destroyer endommagé n'était pas seulement un défi technique, mais une question de prestige politique pour le régime, déclarant que le navire devait être restauré "inconditionnellement avant la réunion du Parti". Cette directive met en évidence les implications politiques importantes du désastre naval pour le programme de développement militaire et l'image internationale de la Corée du Nord.

Chantier naval de Chongjin (gstatic.com)
Chantier naval de Chongjin (gstatic.com)

Points clés : Perspectives critiques du désastre naval

L'échec du lancement du destroyer révèle plusieurs faiblesses critiques dans les capacités de construction navale et la planification stratégique de la Corée du Nord. Le chantier naval de Chongjin manque des installations nécessaires pour des méthodes de lancement plus sûres, telles que la technique de "lancement par gravité" par la poupe qui a été utilisée avec succès pour le premier navire de la classe au chantier naval de Nampo. Au lieu de cela, le personnel du chantier naval a tenté une méthode de lancement plus risquée par "glissade latérale" qui exige une expertise technique et une précision nettement supérieures – des capacités que l'industrie de la construction navale nord-coréenne ne possède pas actuellement.

L'incident représente un cas classique de tentative d'application de la mauvaise méthode au mauvais endroit avec des compétences techniques insuffisantes. Les analystes militaires soulignent que l'échec découle de la décision de la Corée du Nord de privilégier la construction rapide au détriment du développement d'infrastructures adéquates et de la formation technique. Le choix de construire le destroyer à Chongjin aurait été motivé par le plan ambitieux de Kim Jong-un de construire plusieurs navires de guerre simultanément, malgré le fait que le chantier naval soit fondamentalement inadapté à la construction de destroyers de cette envergure.

Selon les évaluations d'experts, si la quille du destroyer a été tordue ou brisée lors du lancement raté, le navire pourrait déjà être au-delà de toute réparation économiquement viable, représentant une perte considérable de ressources et de prestige pour le régime nord-coréen. L'incident met également en lumière la transparence du régime dans la communication de cet échec, ce qui représente une ouverture inhabituelle par rapport aux pratiques habituelles de contrôle de l'information en Corée du Nord.

L'échec a des implications plus larges pour le programme de modernisation navale de la Corée du Nord et soulève des questions sur la capacité du régime à passer avec succès de la construction de petits patrouilleurs à celle de destroyers complexes sans étapes de développement intermédiaires adéquates.

Analyse approfondie : Défauts de conception et implications stratégiques

L'échec du lancement du destroyer de classe Choe Hyon révèle des problèmes fondamentaux dans la philosophie de conception navale et les capacités de construction de la Corée du Nord qui vont bien au-delà de l'incident de lancement immédiat. Les experts militaires et les analystes navals ont identifié de nombreux défauts structurels et de conception qui suggèrent que le projet de destroyer représente plus un outil de propagande politique qu'un navire de guerre fonctionnel.

Le défaut de conception le plus important concerne la configuration d'armement trop ambitieuse du destroyer. Bien qu'il n'ait qu'un déplacement de 5 000 tonnes, le navire intègre un nombre extraordinaire de 74 cellules de lancement vertical (VLS) pour les missiles – un nombre qui dépasse même les destroyers chinois de classe Type 052D de 7 500 tonnes, plus avancés, et les navires français de classe Horizon. Cela représente un déséquilibre, où la taille du navire ne peut pas supporter adéquatement sa charge d'armes prévue.

La configuration d'armement surchargée laisse un espace interne insuffisant pour les systèmes essentiels, y compris les quartiers de l'équipage, l'équipement de compatibilité électromagnétique et les systèmes de stabilité de navigation. Certains des tubes VLS feraient moins de 2 mètres de profondeur, ce qui est insuffisant pour accueillir correctement les missiles qu'ils sont censés lancer, car la plupart des missiles navals modernes nécessitent au moins 2,5 mètres de profondeur pour un déploiement sûr.

Les images de reconnaissance aérienne révèlent un autre défaut préoccupant : la cheminée du destroyer semble complètement creuse, sans prises d'air ni systèmes d'échappement visibles. Cette observation suggère que le navire ne posséderait que des systèmes d'alimentation auxiliaires, voire aucune propulsion fonctionnelle, ce qui pourrait indiquer que le destroyer est en grande partie une coque vide conçue pour l'apparence plutôt que pour la capacité opérationnelle.

La progression rapide de la construction de patrouilleurs de 1 000 à 1 500 tonnes directement à un destroyer complexe de 5 000 tonnes représente un bond sans précédent dans la construction navale qui saute les étapes de développement intermédiaires typiques. La plupart des puissances navales performantes développent leurs capacités progressivement, en passant par les classes de frégates et de corvettes avant de tenter de construire des destroyers. L'approche de la Corée du Nord rappelle certains échecs historiques d'autres nations, y compris la catastrophe du dock flottant PD-50 de la Russie, bien que même des pays comme l'Inde et l'Iran aient démontré des trajectoires de développement naval plus stables.

Les stratèges militaires suggèrent que le projet de classe Choe Hyon reflète le désir de Kim Jong-un de disposer de navires "de prestige" impressionnants, conçus pour impressionner les observateurs étrangers et les audiences nationales plutôt que pour apporter une capacité de combat significative à la marine nord-coréenne. La décision de construire plusieurs destroyers simultanément dans des installations inappropriées démontre une priorité accordée aux objectifs politiques au détriment des exigences navales pratiques.

Le saviez-vous : Faits fascinants sur la construction navale et le développement militaire nord-coréen

La construction d'un destroyer naval nécessite généralement des décennies d'expertise accumulée et d'infrastructures spécialisées qui ne peuvent être développées ou improvisées rapidement. Les puissances navales les plus performantes au monde, y compris les États-Unis, la Chine et les nations européennes, ont passé des générations à développer les connaissances techniques, les installations de chantier naval et les chaînes d'approvisionnement nécessaires à une construction efficace de destroyers. La plupart des experts navals s'accordent à dire qu'"il faut un siècle pour construire une marine", soulignant que le développement naval réussi exige une progression patiente et systématique à travers des types de navires de plus en plus complexes.

L'industrie de la construction navale de la Corée du Nord s'est historiquement concentrée sur les navires plus petits, y compris les sous-marins, les patrouilleurs et les navires de défense côtière, avec une expérience limitée dans les grands bâtiments de surface. Le passage de petits patrouilleurs à des destroyers de 5 000 tonnes représente l'un des sauts les plus ambitieux en matière de construction navale tentés par une nation au cours des dernières décennies.

La méthode de lancement latéral tentée au chantier naval de Chongjin est considérée comme l'une des techniques de lancement de navires les plus difficiles techniquement, nécessitant une coordination précise de multiples systèmes et une vaste expérience dans la manipulation de grands navires. La plupart des chantiers navals modernes préfèrent les lancements par la poupe ou les méthodes de construction en cale sèche qui offrent un meilleur contrôle et des marges de sécurité accrues pendant la phase critique du lancement.

Il est intéressant de noter que la décision de la Corée du Nord de rapporter publiquement l'échec du lancement et les vives critiques de Kim Jong-un représentent une transparence inhabituelle pour ce régime typiquement secret. La plupart des gouvernements autoritaires tentent de dissimuler les échecs militaires ou de les présenter comme des succès, ce qui rend la reconnaissance par la Corée du Nord de l'incident du destroyer remarquable dans le contexte des pratiques de contrôle de l'information du pays.

Les 74 cellules de lancement vertical intégrées au destroyer de classe Choe Hyon fourniraient théoriquement plus de capacité de missiles que de nombreux destroyers occidentaux, mais la faible profondeur de nombreux tubes et une intégrité structurelle douteuse soulèvent de sérieuses questions quant à leur capacité opérationnelle réelle. La guerre navale moderne exige un radar sophistiqué, des systèmes de guerre électronique et des capacités de commandement et de contrôle qui pourraient être absents de la conception du destroyer nord-coréen.

Les historiens militaires notent que l'échec du lancement du destroyer s'ajoute à une longue liste de projets militaires ambitieux de régimes autoritaires qui ont privilégié les apparences impressionnantes à la fonctionnalité pratique, y compris plusieurs exemples historiques de l'Union soviétique, de l'Irak et d'autres nations qui ont tenté de développer rapidement des capacités militaires avancées sans bases techniques adéquates.

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