
LVMH se rapproche de la vente d'un milliard de dollars de la marque Marc Jacobs à Authentic Brands Group
Cession de Marc Jacobs par LVMH : Pivot Stratégique ou Signal d'Alerte pour le Marché du Luxe ?
Un virage stratégique majeur se dessine dans l'univers du luxe alors que le géant du conglomérat cherche à se désengager de sa marque de luxe accessible pour 1 milliard de dollars.
Dans l'atmosphère feutrée des sièges sociaux du luxe sur l'Avenue Montaigne à Paris, un remaniement significatif des actifs de prestige prend discrètement forme. LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton, le conglomérat leader mondial des produits de luxe, s'apprête à se séparer de Marc Jacobs dans une transaction qui avoisinerait 1 milliard de dollars, selon plusieurs sources proches des négociations.
Cette cession ne serait que la deuxième désinvestissement majeur d'une marque pour l'empire de Bernard Arnault en près d'une décennie – une rareté stratégique qui signale des changements structurels plus profonds dans le paysage mondial du luxe, au-delà d'un simple ajustement de portefeuille.
Du faiseur de rois au maître des transactions
Authentic Brands Group, la société de gestion de marques en pleine expansion, qui compte déjà Reebok parmi ses acquisitions, est apparue comme le favori dans les négociations d'acquisition. Cependant, des sources indiquent que Bluestar Alliance et WHP Global – propriétaires respectivement de Brookstone et Vera Wang – restent des concurrents actifs, créant une tension concurrentielle qui souligne la valeur perçue de Marc Jacobs malgré sa classification comme "luxe accessible".
La transaction potentielle intervient alors que la marque Marc Jacobs connaît un redressement documenté, ayant réussi un retournement de situation avec des ventes rebondissant à une estimation de 680 à 720 millions d'euros pour 2024, soit une croissance de 12 à 15 % suite à une restructuration stratégique et une amélioration des produits. La renaissance de la marque a été principalement tirée par sa division maroquinerie, en particulier "The Tote Bag", qui représenterait plus de 40 % des ventes de la ligne.
Plus qu'une exception : La nouvelle normalité de la consolidation du luxe
Si LVMH s'est historiquement montré très attaché à ses acquisitions dans la mode – la vente de Donna Karan/DKNY pour 650 millions de dollars en 2016 constituant une rare exception –, les analystes du secteur suggèrent que l'environnement actuel représente un paysage fondamentalement altéré.
"Il ne s'agit pas d'un mouvement isolé, mais plutôt d'un symptôme d'une consolidation sismique qui s'accélère dans tout le secteur du luxe et de la mode", explique un analyste senior du luxe au sein d'une grande banque d'investissement européenne. "Nous assistons au marché des fusions-acquisitions (M&A) le plus actif depuis des années, avec True Religion, Christian Lacroix, Laura Ashley et Bonpoint qui ont tous changé de mains depuis janvier."
Les calculs derrière la décision de LVMH semblent simples : Marc Jacobs représente moins de 1 % des revenus du groupe, tandis que la division Mode et Maroquinerie du conglomérat a enregistré une baisse préoccupante de 9 % de ses ventes sur les douze derniers mois glissants, en glissement annuel. Le cours de l'action du groupe a chuté de 27 % depuis le début de l'année, sous-performant significativement ses rivaux Hermès et Prada.
La fracture grandissante du luxe
La cession potentielle met en lumière la fracture croissante entre les segments de l'ultra-luxe et du luxe accessible. Alors que les marques phares Louis Vuitton et Dior