
Échafaudages, Patrimoine et Responsabilité : Hong Kong face aux questions sans réponse d'un incendie meurtrier
Échafaudages, patrimoine et responsabilité : Hong Kong face aux questions sans réponse d'un incendie meurtrier
HONG KONG — Le filet vert qui enveloppait la résidence Hong Fu Court était censé protéger les résidents de la poussière de chantier. Au lieu de cela, les enquêteurs pensent qu'il est devenu une voie rapide pour les flammes qui ont déferlé le long de la façade de plusieurs immeubles, dans ce qui est devenu l'incendie le plus meurtrier de Hong Kong depuis les années 1990, laissant des dizaines de morts et des centaines de disparus.
L'incendie qui a ravagé le complexe de logements sociaux a déclenché une remise en question qui s'étend bien au-delà des tours calcinées. Au cœur de cette affaire réside un paradoxe propre à Hong Kong : les échafaudages en bambou qui s'accrochent à l'horizon de la ville, célébrés comme patrimoine culturel immatériel et défendus par de puissants syndicats, sont désormais examinés comme un accélérateur potentiel de catastrophe.
L'incendie a débuté sur des échafaudages extérieurs recouverts de filets de protection, selon les rapports officiels, avant de se propager à une vitesse dévastatrice à travers le complexe. Il a atteint le niveau d'alerte n° 5, la classification la plus élevée, tandis que les flammes sautaient d'un bâtiment à l'autre dans le complexe en pleine rénovation. Trois arrestations ont été effectuées, mais les enquêteurs n'ont pas encore déterminé si l'incendie a été provoqué par des étincelles de soudure, un défaut électrique, une cigarette jetée ou quelque chose de plus sinistre.
Ce qui est devenu clair, cependant, c'est que la propagation rapide de l'incendie soulève des questions urgentes concernant les matériaux, l'application des réglementations et l'économie de la sécurité dans l'une des villes les plus densément construites au monde.
Les échafaudages en bambou, attachés avec des colliers de serrage en plastique et de la corde en nylon, sont encore présents dans environ 80 % des projets de construction à Hong Kong. Cette pratique perdure alors même que la Chine continentale et d'autres régions développées sont en grande partie passées aux alternatives métalliques. Le gouvernement de Hong Kong a lui-même annoncé en mars son intention d'exiger des échafaudages métalliques dans au moins la moitié des projets de travaux publics, une reconnaissance implicite des préoccupations croissantes en matière de sécurité.
Mais les échafaudages à eux seuls ne racontent pas toute l'histoire. Les experts en sécurité et les initiés de l'industrie pointent du doigt le filet vert qui recouvre généralement ces structures en bambou. Les réglementations anti-incendie exigent des matériaux ignifuges, pourtant, de nombreux rapports suggèrent que les entrepreneurs remplacent parfois ces matériaux par des alternatives moins chères et non conformes pour réduire les coûts. Un incendie majeur d'échafaudages à Central le mois dernier avait déjà incité les autorités à émettre des avertissements concernant la révision des normes ignifuges.
Les syndicats d'échafaudeurs en bambou, représentant des milliers de travailleurs dépositaires d'un savoir-faire séculaire, ont ouvertement résisté à leur abandon rapide. Les dirigeants syndicaux soutiennent que les moyens de subsistance de leurs membres et l'identité architecturale de Hong Kong sont en jeu. Les responsables gouvernementaux sont soumis à des pressions multiples : moderniser les normes de sécurité, préserver les métiers traditionnels et faire appliquer les réglementations existantes qui pourraient déjà être insuffisantes.
Cette tension met en lumière un dilemme plus profond. S'agit-il d'une histoire de patrimoine culturel qui se heurte aux impératifs de sécurité modernes ? Ou est-ce, comme le reprochent certains critiques, un échec de l'application réglementaire qui a permis aux réductions de coûts de primer sur la sécurité publique, la question du bambou ne faisant qu'occulter des problèmes systémiques ?
L'enquête se poursuit. Les équipes médico-légales examinent si le filet de Hong Fu Court était conforme aux normes ignifuges, si des inspections appropriées ont été menées et si l'entreprise de rénovation a suivi les protocoles de sécurité. Ces conclusions détermineront si cette tragédie est le résultat de l'ignorance de risques connus ou de risques que personne n'avait pleinement compris.
Pour l'heure, la ville est en deuil tout en se débattant avec des questions inconfortables sur la manière dont la tradition, l'économie et la sécurité s'entrecroisent dans son paysage vertical. Le bambou qui définit l'horizon de Hong Kong pourrait également définir ce moment de reddition de comptes — à supposer que cette reddition de comptes ait réellement lieu.