Le dirigeant d'entreprise mexicain Fernando Chico Pardo achète 25 % de la banque Banamex à Citi pour 2,3 milliards de dollars

Par
A Leitão
8 min de lecture

Wall Street se retire : L'accord de Citi de 2,3 milliards de dollars pour Banamex

Un magnat mexicain acquiert un morceau d'histoire

Citigroup se retire des services bancaires de détail au Mexique, et l'accord qu'elle vient de conclure illustre parfaitement la manière dont Wall Street repense son empreinte mondiale. Mercredi, la banque a annoncé que l'homme d'affaires mexicain Fernando Chico Pardo achètera une participation de 25 % dans Banco Nacional de México, plus connue sous le nom de Banamex, pour environ 2,3 milliards de dollars.

Il ne s'agit pas d'une simple transaction financière. C'est la clôture d'un chapitre qui a débuté il y a plus de vingt ans, lorsque Citi a pris le contrôle de la quatrième banque du Mexique. C'est également un modèle expliquant comment les grandes banques américaines peuvent se désengager prudemment de leurs investissements sur les marchés émergents sans provoquer de réactions politiques négatives.

Banamex (licdn.com)
Banamex (licdn.com)

Pourquoi Chico Pardo ?

Citi n'a pas choisi Chico Pardo par hasard. Il s'impose comme le visage local de l'avenir de Banamex. Sa société achètera environ 520 millions d'actions, évaluées à 0,80 fois la valeur comptable, soit environ 42 milliards de pesos. Si les régulateurs donnent leur feu vert, la transaction devrait être finalisée au second semestre 2026.

Qu'est-ce qui en fait le bon choix ? Chico Pardo connaît les deux mondes. Il est le fondateur de Promecap, un groupe de capital-investissement gérant 5 milliards de dollars, mais il est également profondément lié au monde des affaires mexicain. Ses investissements dans l'opérateur aéroportuaire ASUR et l'opérateur portuaire Carrix lui confèrent une expérience avérée dans la gestion d'actifs cruciaux pour l'économie mexicaine.

Contrairement à certains magnats de l'ancienne garde du pays, Chico Pardo ne traîne pas de lourd bagage politique. Cela le rend bien plus acceptable pour les régulateurs et moins susceptible de déclencher une vague de critiques nationalistes qui accompagne souvent les transactions impliquant des intérêts étrangers.

Le retrait mondial de Citi

Ce n'est pas une décision ponctuelle. Citi a progressivement réduit son empreinte dans les services bancaires aux particuliers à l'étranger, vendant des opérations en Asie à des sociétés comme DBS et UOB. La PDG Jane Fraser l'a clairement indiqué : l'avenir ne réside pas dans de vastes réseaux de détail, mais dans des lignes d'activité plus ciblées et plus rentables.

Pourquoi ? L'équation n'est plus la même. Des règles de capital plus strictes, l'essor des concurrents fintech et la pression des gouvernements locaux ont rendu plus difficile pour les banques mondiales de générer des bénéfices dans les services bancaires de détail quotidiens. La tendance actuelle est à la simplification : moins d'agences, moins de risques et une concentration accrue sur les clients entreprises.

La vente de Banamex montre à quel point ces réalités sont difficiles. Citi enregistre une charge de dépréciation de 726 millions de dollars, une admission flagrante que son acquisition de Banamex pour 12,5 milliards de dollars en 2001 n'a pas tenu ses promesses. Cette valorisation décotée ne concerne pas seulement les évolutions du marché ; c'est aussi le prix à payer pour maintenir l'adhésion des régulateurs et des politiciens.

Parier sur le "nearshoring"

Même si Citi se désengage des services bancaires aux particuliers, elle redouble d'efforts sur les services qui soutiennent les affaires transfrontalières. Pensez à la gestion de trésorerie, au financement du commerce, aux opérations de change et aux marchés des capitaux. Ces activités n'ont pas besoin d'agences physiques, mais elles alimentent la relation commerciale croissante entre les États-Unis et le Mexique.

Le "nearshoring" – le déplacement des usines plus près des consommateurs américains par les entreprises – a provoqué une forte augmentation des investissements au Mexique. Et Citi se positionne pour surfer sur cette vague. Pour la banque, ce virage pourrait être plus lucratif que d'essayer de concurrencer un marché de détail mexicain déjà très encombré.

Les analystes estiment qu'en se concentrant sur ces services institutionnels, Citi pourrait générer des rendements plus élevés avec moins de tracasseries réglementaires.

Un modèle pour les sorties futures

La structure de cet accord – ancrer Banamex avec un investisseur local de confiance maintenant, suivi d'une offre publique ultérieure – pourrait devenir un modèle pour les banques quittant des marchés sensibles. Il équilibre les besoins des régulateurs, des propriétaires étrangers et des partenaires locaux.

Des mouvements similaires ont déjà été observés ailleurs. HSBC s'est retirée du Canada et d'Argentine. Barclays a réduit ses activités de banque de détail européennes. Société Générale a réduit sa présence en Afrique. Mais Banamex se distingue, tant par son ampleur que par son symbolisme.

Pour les régulateurs, le plan garantit un contrôle local sans déstabiliser un élément clé du système financier mexicain. Pour Citi, il témoigne de progrès dans la simplification de sa structure mondiale. Et pour Chico Pardo, c'est l'occasion d'accéder à un rôle de premier plan à un prix décoté.

Le défi numérique à venir

Cependant, la nouvelle ère de Banamex ne sera pas un long fleuve tranquille. Le secteur financier mexicain évolue rapidement, et des acteurs numériques comme Nu et MercadoPago ont déjà grignoté des parts de marché. Leur approche axée sur les applications séduit les jeunes consommateurs d'une manière que les banques traditionnelles ont du mal à égaler. À moins que Banamex ne prouve sa capacité à se moderniser et à concurrencer, son introduction en bourse prévue pourrait échouer.

Il y a aussi la question politique. La direction du Mexique changera après le Président Andrés Manuel López Obrador, et les futures administrations pourraient modifier le ton concernant la propriété étrangère ou la réglementation bancaire. Les marchés boursiers mondiaux ajoutent une couche supplémentaire d'incertitude, ce qui pourrait retarder l'introduction en bourse ou en remodeler les termes.

Un tournant

Au fond, cet accord marque la fin d'une ère. Les banques comme Citi ne courent plus après la domination mondiale des services bancaires de détail. Elles se concentrent plutôt sur les domaines où elles peuvent apporter de la valeur sans se noyer dans la complexité.

Banamex est désormais confrontée au défi de prouver qu'elle peut prospérer sous une gestion locale, tandis que Citi parie sur son rôle de partenaire financier essentiel pour les entreprises qui construisent la prochaine génération de commerce américano-mexicain.

Le succès de ce pari de 2,3 milliards de dollars aura des répercussions bien au-delà du Mexique. Le résultat pourrait façonner la manière dont les banques mondiales repenseront leurs stratégies sur d'autres marchés émergents pour les années à venir.

Thèse d'investissement interne

AspectRésumé
Thèse principaleCiti-Banamex s'inscrit dans une tendance plus large de déglobalisation et de simplification. Les banques mondiales se désengagent des activités de détail non essentielles et politiquement sensibles sur les marchés émergents (ME) pour réaffecter le capital à des activités à ROE plus élevé et moins complexes (services transactionnels, cartes, gestion de patrimoine). Le "modèle ancre-puis-IPO" est une solution innovante pour gérer les risques politiques et réglementaires.
Exception ou tendance ?Tendance. Confirmée par de multiples actions bancaires : Citi (ventes d'activités de détail en Asie), HSBC (retraits du Canada, d'Argentine, de France), Barclays (retraits d'Allemagne), Société Générale (réduction en Afrique), ING (retraits de France). L'exception est la structure spécifique de sortie en deux étapes due à la marque Banamex et à la politique mexicaine.
Causes profondes1. Pression du capital et de la complexité : Les règles de Bâle poussent les G-SIBs à libérer les actifs pondérés des risques (RWA) des activités de détail à faible rendement.
2. Risque politique et de localisation : La banque de détail sur les ME est politiquement sensible ; des ancres locales réduisent les risques d'approbation.
3. Perturbation numérique : Les FinTech (ex : Nu, Klar) compriment la rentabilité de la banque de détail, augmentant les obstacles liés aux dépenses d'investissement technologiques.
4. Macro/Régionalisation : Le "nearshoring" bénéficie aux activités institutionnelles (ex : paiements, financement du commerce), que les banques conservent.
Acteurs clés et mouvements (comparables)- Citi : Vente de Banamex (25 % à l'ancre, puis IPO) ; a précédemment cédé des unités de banque de détail en Asie.
- HSBC : Vente du Canada à RBC, retrait d'Argentine, vente des activités de détail françaises. Modèle : Simplifier, se tourner vers l'Asie.
- Barclays : Vente de la banque de détail allemande à BAWAG. Modèle : Simplifier l'Europe non essentielle, libérer les RWA.
- Société Générale : Cessions en Afrique. Modèle : Réduire l'exposition aux ME de petite taille, se concentrer sur l'Europe centrale et la CIB.
- ING : Retrait des activités de détail françaises. Modèle : Se retirer des marchés en retard.
Caractéristiques distinctives de Citi-Banamex- Ancre à prix décoté : ~0,8x la valeur comptable à un acheteur local (Fernando Chico Pardo) pour une certitude réglementaire/politique.
- Maintien des activités institutionnelles : Citi conserve des opérations institutionnelles à ROE plus élevé au Mexique pour monétiser le "nearshoring".
- Chemin d'IPO dérisqué : L'ancre locale aide à "re-mexicaniser" la marque, facilitant une future cotation.
Implications de positionnement (thématique)- Haussiers : Consolidateurs locaux (ex : BAWAG, Galicia) achetant des actifs en dessous de leur valeur comptable ; banques mondiales se concentrant sur les activités institutionnelles (Citi, JPM).
- Paires/Valeur relative : Réduire l'exubérance de l'IPO pour la banque de détail des ME par rapport au prix décoté de l'ancre.
- À surveiller : Plus de retraits de banques européennes en Afrique/Amérique latine utilisant des structures de prise de participation minoritaire + cotation.
Risques pour la thèse- Changements des règles de Bâle : Des règles plus souples/finales pourraient ralentir/accélérer l'urgence de la cession des RWA.
- Fenêtre d'IPO des ME : La volatilité pourrait retarder des cotations comme celle de Banamex.
- Concurrence des FinTech : La poursuite de la capture de parts de marché par les acteurs numériques exerce une pression sur les multiples des banques de détail traditionnelles.
- Hype du "nearshoring" : Si l'IED déçoit, la croissance de la banque institutionnelle pourrait être plus lente.
Prédictions concrètes1. Plus d'accords "ancre-puis-IPO" dans la banque de détail des ME.
2. Les franchises de banque de détail des ME se négocieront en dessous de la valeur comptable (0,8x pour Banamex sert de référence).
3. Rentabilité institutionnelle > détail au Mexique pour les banques mondiales.
4. Les banques européennes continueront de réduire leurs présences géographiques de taille insuffisante pour libérer des RWA et effectuer des rachats d'actions.
En résuméPas une aberration. Représente un changement durable de l'industrie : réduire le périmètre, localiser la propriété là où la politique compte, conserver le moteur institutionnel transfrontalier. La séquence "ancre-puis-IPO" est une innovation clé pour gérer les frictions, et on s'attend à davantage de ces transactions.

CECI N'EST PAS UN CONSEIL EN INVESTISSEMENT

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