Poignées de main fermes et promesses vides : Le pari à hauts risques de Carney à Washington

Par
Anup S
9 min de lecture

Poignées de main d'acier et promesses creuses : le pari risqué de Carney à Washington

Après deux heures et demie passées à la Maison Blanche, le Canada est reparti avec de belles paroles mais sans véritable allègement – juste une autre promesse de progrès.

WASHINGTON — Le scénario semblait bien trop familier. Le Premier ministre Mark Carney est sorti de la Maison Blanche mardi après-midi, ses ministres à ses côtés, souriant en louant des discussions « positives et efficaces ». Mais derrière le langage diplomatique se cachait une dure réalité. Les droits de douane qui étranglent l'industrie canadienne n'ont pas bougé.

La rencontre du 7 octobre avec le président Donald Trump était la deuxième de Carney en cinq mois. En apparence, elle fut cordiale. Trump a salué Carney comme « un grand Premier ministre » et a même plaisanté : « il pourrait me représenter ». Quelques instants plus tard, cependant, il a ajouté une pointe d'agressivité : « C'est un homme gentil, mais il peut être coriace ». Louange et avertissement, le tout en un.

Pour les entreprises des deux côtés de la frontière, le résultat a eu l'effet d'une douche froide. Ottawa a passé des mois à retirer les points de pression – en abandonnant la taxe sur les services numériques, en levant les contre-droits de douane et en promettant d'accélérer les dépenses de défense. L'idée était simple : créer un climat de bonne volonté, faciliter les négociations. Pourtant, le problème de fond demeure. Les droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium canadiens restent bloqués à 50 %. Des droits supplémentaires sur le cuivre et les automobiles persistent. Et de nouveaux droits sur les camions planent à l'horizon comme des nuages d'orage.

Washington détient toutes les cartes

Le ministre du Commerce, Dominic LeBlanc, a tenté de paraître optimiste. Il a déclaré que les Canadiens avaient quitté Washington en croyant que l'équipe de Trump était prête à « structurer quelque chose » concernant l'acier et l'aluminium. « Je suis plus optimiste aujourd'hui qu'à mon arrivée », a-t-il dit aux journalistes. Mais l'optimisme n'équilibre pas les comptes.

La stratégie canadienne ressemble maintenant à un pari qui a pu se retourner contre elle. En abandonnant les contre-droits de douane sans une concession ferme des États-Unis, Ottawa a renoncé à l'une de ses rares monnaies d'échange. Cette décision a allégé la pression sur les exportateurs américains, mais a laissé les usines et les fabricants canadiens exposés. Trump, sentant le rapport de force basculer, a empoché la bonne volonté et a redoublé d'exigence. Washington détient désormais à la fois la carotte et le bâton.

Les chaînes d'approvisionnement nord-américaines accentuent encore ce déséquilibre. L'aluminium canadien alimente les usines aérospatiales américaines. L'acier canadien soutient les chaînes de montage de Detroit. Mais si les deux économies dépendent de ce flux, la douleur immédiate se fait sentir plus durement au nord de la frontière. Pour les producteurs canadiens, la pression ressemble à un étau qui se resserre chaque semaine.

Discours sur l'annexion : du théâtre, pas de la politique

Les blagues répétées de Trump sur le Canada devenant le « 51e État » ont de nouveau fait la une. Il a lancé cette phrase nonchalamment mardi, comme s'il s'agissait d'une simple blague de plus dans son répertoire. Les marchés l'ont ignorée. Les traders y voient du théâtre, pas de la politique.

Ces discussions sur l'annexion ne sont pas une question de cartes géographiques. Il s'agit de jeux psychologiques. Cette rhétorique maintient Ottawa sur la défensive, galvanise la base politique de Trump et garantit l'attention des premières pages. Mais les investisseurs savent que l'action réelle se trouve ailleurs – dans d'obscurs ajustements réglementaires, des ajustements de quotas et les clauses en petits caractères enfouies dans les avis commerciaux. Ce sont ces leviers bureaucratiques, et non les boutades improvisées, qui détermineront si les exportateurs canadiens obtiennent un répit.

Le temps presse

Au pays, la pression politique monte. Le chef conservateur Pierre Poilievre a envoyé une lettre exigeant que Carney « négocie une victoire », avertissant que davantage d'excuses signifieraient un échec. Le Premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, est allé plus loin, comparant la situation à « un enfant qui se fait frapper au visage tous les jours ». Son conseil ? « Il est temps de riposter ».

Carney n'a plus beaucoup de marge de manœuvre. Un repli tactique ne fonctionne que s'il produit rapidement des résultats visibles. Autrement, cela commence à ressembler à une capitulation. Même LeBlanc l'a admis, déclarant que les Canadiens « veulent naturellement voir des résultats, et croyez-moi, nous aussi ».

Et puis, il y a l'examen imminent de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique. Avec des consultations déjà en cours, Trump a peu d'intérêt à accorder de larges concessions maintenant. Un allègement progressif le maintient en position de force jusqu'à la renégociation de l'année prochaine.

Ce qui est réellement sur la table

S'il y a des progrès à faire, ils se situeront probablement dans l'acier et l'aluminium. LeBlanc a signalé ces deux secteurs comme des domaines où des avancées pourraient arriver bientôt. Mais ne vous attendez pas à des réductions massives des droits de douane. Le résultat le plus probable est des exemptions ciblées et spécifiques à certains produits – juste assez pour montrer une dynamique sans affaiblir l'image de Trump comme « dur en affaires ».

Les matériaux de défense et d'aérospatiale pourraient bénéficier d'exemptions en premier. Ils sont vitaux pour la sécurité américaine, ce qui les rend politiquement plus faciles à protéger. Cela aiderait les producteurs canadiens dans ces créneaux. L'industrie automobile, en revanche, semble bloquée. La menace d'un droit de douane de 25 % sur les camions reste la carte maîtresse de Trump, surtout avec la production concentrée de l'Ontario. Toute mesure sérieuse dans ce domaine signalerait une véritable percée, et pas seulement un ajustement tactique.

Les marchés lisent entre les lignes

Les investisseurs ont déjà vu ce film : des réunions très médiatisées qui déclenchent la volatilité, suivies d'un retour à la même routine. Mardi a confirmé cette tendance. À moins que les droits de douane sur les camions ne soient retirés de la table, les marchés des devises réagiront à peine. Les exemptions pour l'acier et l'aluminium pourraient donner un coup de pouce à certaines entreprises, mais elles ne modifieront pas l'ensemble du tableau économique canadien.

Les opérateurs ferroviaires et les entreprises de logistique se préparent à plus d'incertitude. Même des hausses temporaires des expéditions ne peuvent remplacer une clarté à long terme. Avec l'Europe qui s'oriente vers des politiques protectionnistes similaires, la fragmentation mondiale ne fait qu'accroître la tension.

Redéfinir la « victoire »

Pour Carney, le succès ne signifie plus un accord commercial grandiose. Il signifie glaner suffisamment d'allègements pour montrer que sa stratégie n'était pas une erreur. Chaque semaine sans progrès alimente les critiques qui affirment que le Canada a abandonné son levier trop tôt.

Trump, pendant ce temps, semble savourer cette dynamique. Il loue Carney, maintient des relations cordiales, mais retient les concessions. C'est une leçon magistrale dans l'art de tenir en laisse – offrant de l'espoir sans résultats concrets.

Comme l'a dit un analyste : « Les marchés veulent la paix. La Maison Blanche veut le contrôle. » Mardi, le Canada n'a obtenu ni l'un ni l'autre. L'industrie attend toujours le jour où le symbolisme se transformera enfin en substance.

Analyse d'investissement interne

CatégorieRésumé
Situation Actuelle (L'Analyse)Trump utilise les droits de douane (acier, aluminium, camions) comme levier, non pour des accords immédiats. Le Canada a concédé sa Taxe sur les Services Numériques et a limité les mesures de rétorsion pour se concentrer sur l'acier/aluminium, risquant ainsi son levier. Le discours sur l'« annexion » est une tactique de négociation, pas une politique réelle. Le protectionnisme mondial s'intensifie (ex: l'UE qui s'aligne sur les droits de douane), validant l'approche américaine.
Causes ProfondesLa politique intérieure américaine récompense le discours sur les droits de douane. L'examen en cours de l'ACEUM offre une série de points de levier. Les chaînes d'approvisionnement intégrées du Canada le rendent plus vulnérable aux frictions commerciales, encourageant les concessions.
Conclusions ClésLe Canada a échangé des mesures de rétorsion contre une chance d'accord plus rapide ; un échec risque de le faire paraître faible. Attendez-vous à ce que tout allègement tarifaire soit faible, spécifique et facilement réversible. Ignorez les titres sur l'annexion ; surveillez les actions réglementaires officielles.
Implications à Court Terme (1-3 Mois)Le scénario de base est un accord limité sur l'acier/aluminium (exclusions/quotas). Les automobiles/camions restent une menace majeure. L'alignement de l'UE sur les droits de douane réduit la pression sur les États-Unis pour une désescalade, ce qui est baissier pour l'acier mondial.
Impact Secteur par SecteurMétaux & Mines : La volatilité persiste ; les titres canadiens pourraient bondir sur des nouvelles d'allègement. Automobile & Pièces : La menace persistante des droits sur les camions nuit aux entreprises exposées au Canada. Bois d'œuvre : Les scieries américaines en bénéficient ; les constructeurs de maisons voient des impacts mitigés. Aérospatiale/Défense : Les plus susceptibles d'obtenir des exclusions tarifaires précoces. Chemins de fer/Logistique : Les volumes transfrontaliers restent irréguliers. Devises/Taux : La force du CAD sur les gros titres est peu durable ; la BdC pourrait devenir accommodante.
Scénarios Probabilistes1. Micro-accord Acier/Aluminium (60%) : Allègement faible et limité dans le temps. 2. Dérogation pour l'Automobile (40%) : Répite temporaire. 3. Pas d'accord, le Canada réagit (30%) : Aversion au risque pour les actifs en CAD. 4. Grand accord (10%) : Allègement généralisé du marché. 5. Politique d'annexion (0%) : Ignorer.
Idées de Trading et Gestion des RisquesAssocier une position longue sur l'acier/aluminium canadien avec une exposition à la défense contre une position courte sur l'acier européen. Utiliser les options pour se positionner sur les titres liés aux dérogations pour l'automobile. Associer une position longue sur les producteurs de bois d'œuvre américains contre leurs homologues canadiens. Réduire la force du CAD sur les gros titres positifs vagues. Surveiller les registres réglementaires officiels pour de vrais catalyseurs.
Ce qui modifierait la thèseUn allègement tarifaire écrit, permanent (non temporaire). Une exemption claire pour les automobiles/camions. L'UE revenant sur ses plans d'alignement sur les droits de douane américains sur l'acier.
Citations de Bureau en Une Ligne« Les marchés veulent la détente ; la Maison Blanche veut le contrôle. » « Le Canada a échangé des droits de douane contre du temps – il a maintenant besoin d'un allègement sur l'acier avant que la politique ne se venge. » « Traitez chaque titre de « fusion » comme un leurre ; négociez le registre des exclusions. »

Conclusion d'investissement : Attendez-vous à des mesures d'allègement limitées et réversibles, et non à une résolution globale. Les producteurs d'acier et d'aluminium liés à la défense pourraient voir des gains à court terme, mais les entreprises automobiles et logistiques restent sous pression politique. Les cambistes devraient rester prudents ; toute hausse du dollar canadien sur de bonnes nouvelles est susceptible de s'estomper sans mesures concrètes concernant les véhicules. Pour l'instant, le jeu intelligent est tactique, pas une conviction à long terme. CECI N'EST PAS UN CONSEIL EN INVESTISSEMENT !

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