Alstom remporte un contrat de 2,3 milliards de dollars de la MTA pour construire 316 wagons modernes à New York

Par
Yves Tussaud
6 min de lecture

La renaissance ferroviaire d'Alstom pour 2,3 milliards de dollars : l'accord avec la MTA signe une transformation plus large de l'industrie

Dans le cadre de la plus grande acquisition de matériel ferroviaire de banlieue aux États-Unis depuis la pandémie, le géant français du transport Alstom a obtenu un contrat de 2 milliards d'euros (2,3 milliards de dollars) pour fournir 316 rames M-9A de pointe à la Metropolitan Transportation Authority (MTA) de New York. L'accord du 7 juillet, qui inclut une option pour 242 voitures supplémentaires d'une valeur de 1,3 milliard d'euros, représente plus qu'une simple modernisation de flotte : il marque un changement fondamental dans les priorités de fabrication et d'investissement du transport en commun américain.

Au-delà de l'acier : l'économie cachée qui redessine l'investissement dans le transport en commun

Les trains M-9A ne sont pas de simples remplacements des anciens modèles M-3 ; ils incarnent une convergence stratégique de l'expérience passager, de la fabrication nationale et de la politique économique. Chaque voiture, d'une valeur de 6,3 millions d'euros, est équipée de portes extra-larges pour un embarquement plus rapide, de ports de chargement USB, d'espaces accessibles aux fauteuils roulants et de protections avancées en matière de cybersécurité – le tout fabriqué majoritairement sur le sol américain.

« Il ne s'agit pas seulement de nouveaux trains ; il s'agit d'établir une nouvelle norme pour ce que le transport ferroviaire de banlieue doit offrir », a expliqué un analyste des transports qui suit les grands investissements en infrastructures. « Les agences qui ne poursuivent pas ce niveau de modernisation prennent en fait du retard. »

Ce qui rend l'accord Alstom particulièrement significatif, c'est son empreinte manufacturière nationale. La production s'étendra sur trois sites américains : Hornell, New York, pour les caisses de voitures ; Plattsburgh pour les bogies ; et la Pennsylvanie pour les systèmes de propulsion – créant près de 300 emplois, majoritairement syndiqués.

Une perspective plus large : une renaissance ferroviaire de 10,9 milliards de dollars est en cours

Les analystes de l'industrie notent que le contrat Alstom ne représente que la première vague d'une transformation bien plus vaste. Le plan d'investissement 2025-2029 de la MTA alloue environ 10,9 milliards de dollars pour environ 2 000 voitures de chemin de fer supplémentaires, positionnant ce contrat comme une tête de pont stratégique dans ce qui pourrait devenir une manne d'approvisionnement décennale.

« Le calcul politique a fondamentalement changé », a souligné un spécialiste de l'investissement dans les infrastructures. « Le rapatriement de la fabrication et la création d'emplois syndiqués sont désormais des critères d'évaluation explicites, pesant presque autant que les spécifications techniques et le prix. »

Ce changement ne se limite pas à New York. Partout en Amérique du Nord et en Europe, les grandes agences de transport en commun poursuivent des efforts de modernisation similaires :

  • Metrolinx, en Ontario, a récemment confié à Alstom la rénovation de 181 voitures de banlieue à deux niveaux.
  • Siemens Mobility construit de nouveaux trains Amtrak Airo pour le service national.
  • CAF USA fournit des véhicules légers sur rail pour Boston et Houston.
  • CRRC Sifang America poursuit ses travaux sur des centaines de nouvelles voitures de chemin de fer pour Chicago.

Le point de vue de Wall Street : victoire modeste ou coup de maître stratégique ?

D'un point de vue purement financier, le contrat ajoute environ 2 % au carnet de commandes substantiel d'Alstom, qui s'élève à 95 milliards d'euros, avec des marges brutes probablement inférieures à la moyenne du groupe de 17,8 %. Le profil de flux de trésorerie est fortement décalé dans le temps, la majeure partie de la reconnaissance des revenus ayant lieu au cours des exercices fiscaux 2029-2032.

« Isolé, ce contrat ne fait bouger l'aiguille de la valeur intrinsèque d'Alstom que d'environ 0,20 € par action », a observé un analyste chevronné du secteur des transports. « Cependant, sa signification stratégique l'emporte de loin sur les considérations économiques immédiates. »

Avec une capitalisation boursière de 8,9 milliards d'euros et se négociant à environ 12 fois les bénéfices de l'exercice 2025/2026, la valorisation d'Alstom reste raisonnable. La hausse d'environ 1 % du cours de l'action suite à l'annonce suggère que les investisseurs comprennent à la fois le potentiel stratégique et les défis d'exécution à venir.

La renaissance ferroviaire américaine : l'économie de l'offre

Le paysage concurrentiel de la fabrication ferroviaire aux États-Unis s'est considérablement resserré, créant un potentiel de fixation des prix pour les acteurs établis. Le contrôle par Alstom de deux grandes installations de production américaines – acquis via son acquisition de Bombardier Transport – lui confère un avantage concurrentiel formidable face à des rivaux comme Siemens, CAF et Stadler. Pendant ce temps, le fabricant chinois CRRC est confronté à des vents contraires politiques croissants.

Cette consolidation coïncide avec trois puissants vents favorables : des infrastructures vieillissantes nécessitant un remplacement urgent, des attentes croissantes des passagers pour des aménagements modernes, et des mandats de durabilité favorisant l'électrification. Le plus significatif, peut-être, est que le financement fédéral et étatique pour le transport en commun a atteint des niveaux historiques, offrant une certitude financière pour les acquisitions à grande échelle.

« Nous assistons à une conjonction parfaite entre le besoin, le financement et la volonté politique », a noté un expert en politique d'infrastructure. « La question n'est pas de savoir si cette renaissance ferroviaire se poursuivra, mais plutôt quels fabricants capteront le plus de valeur. »

Les risques cachés : des prix fixes dans un monde inflationniste

Malgré les perspectives optimistes, plusieurs risques significatifs se profilent. Le contrat expose Alstom à l'inflation salariale américaine, qui atteint 4 à 5 % contre des clauses d'indexation typiques de 2 % dans de nombreux contrats d'État. La volatilité du financement de la MTA reste une préoccupation, comme en témoigne la pause en 2024 de 16,5 milliards de dollars de projets lorsque la tarification de la congestion a été retardée.

Alstom continue également de faire face aux défis d'intégration liés à son acquisition de Bombardier, avec six projets nord-américains qui conservent encore des réserves pour imprévus élevées. Tout retard d'exécution pourrait annuler les gains du nouveau contrat.

« La nature à prix fixe de ces contrats est une arme à double tranchant », a expliqué un spécialiste du secteur manufacturier. « La visibilité est fantastique, mais la marge d'erreur est très mince, surtout dans cet environnement inflationniste. »

Perspectives d'investissement : optimisme prudent avec un potentiel de hausse

Pour les investisseurs qui envisagent Alstom, le rapport risque-rendement semble favorable à la hausse (3 pour 1) sur un horizon de 24 mois, à condition que le flux de trésorerie disponible reste supérieur à 500 millions d'euros au cours de l'exercice 2026. Bien que le contrat MTA en lui-même ne soit pas un catalyseur, il améliore considérablement la visibilité alors que le récit du désendettement de l'entreprise gagne du terrain.

Dans un scénario haussier – où l'option de 242 voitures est exercée et les marges brutes atteignent 18 % – l'action Alstom pourrait atteindre 26 €, ce qui représente une hausse d'environ 32 % par rapport aux niveaux actuels. Le scénario baissier, supposant des dépassements de coûts et des retards de financement, suggère un risque de baisse d'environ 22 %.

« Il s'agit d'une opportunité d'accumuler à la baisse avec une perspective de deux ans », a suggéré un analyste actions spécialisé dans les transports. « L'objectif de 24 € par action semble raisonnable à mesure que le bilan se normalise et que la dynamique des commandes américaines s'intensifie. »

Note : Cette analyse représente une opinion éclairée basée sur les données de marché actuelles et les indicateurs économiques établis. Les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs. Les lecteurs sont invités à consulter des conseillers financiers pour des conseils en investissement personnalisés.

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